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Paul Keller, son parcours bio

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S’installer en grandes cultures et légumes

Paul Keller s’est installé en janvier 2019 à Francin (73) sur une reprise de 15 ha de terres céréalières sans site d’exploitation. Il a engagé immédiatement sa production en conversion bio.

Ses terrains ont un potentiel excellent pour les cultures (plaine de l’Isère), avec des rendements de 110 qx/ha pour le maïs en sec et 90 qx/ha pour le blé. Au départ il projette 5 ha de légumes « faciles » (pommes de terre, courgettes, courges et poireaux) de plein champ pour valoriser sa petite surface, à côté  des céréales à paille, maïs, colza semences et soja.
Conducteur de dameuse l’hiver, agriculteur l’été, une étude du projet de conversion bio faite par la Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc lui fournit les repères et préconisations techniques et économiques de la conduite d’un système simple et tenant compte de la faible disponibilité de main d’œuvre. Comme atouts, Paul Keller a une solide expérience en entreprise de travaux agricoles. Et il est épaulé dans son projet par un voisin agriculteur qui lui prête des bâtiments et partage le matériel.

Des évolutions rapides
Deux ans plus tard, à côté des céréales, Paul cultive 8 ha de légumes considérablement diversifiés et a investi dans une serre de 300 m2. Quatre personnes sont employées sur l’exploitation l’été.
Se destinant au marché de gros, Paul a connu les négociations décevantes sur les produits de la 1ère année de conversion. Des négociations qu’il n’a pas assez anticipées. Il prospecte alors la grande distribution généraliste et les magasins bio spécialisés, les restaurants gastronomiques et adapte sa production à la demande. Il produit notamment cette année des carottes sur 1.5 ha et teste les lentilles sur 3.5 ha pour la plate-forme de distribution « la Bio d’Ici ». Certains partenaires jouent le jeu d’un prix bio dès la 2ème année de conversion. C’est un soutien appréciable.
Miser sur la vente directe
Mais le changement déterminant est de miser clairement sur la vente directe à la ferme.  Il diversifie les légumes : salades, poivrons, navets, choux, betteraves rouges, tomates et aubergines sous serre, melons et pastèques s’ajoutent à la gamme. Il projette de construire un petit chalet-magasin sur la ferme, avec l’objectif de rémunérer une personne sur la commercialisation grâce à la vente directe. Pour les gros chantiers comme la récolte de courgettes, il fait appel à Réflex Emploi, le groupement d’employeurs basé à Chignin et spécialisé dans le végétal.

Un début de conversion difficile
Techniquement, les 2  premières années de conversion ont été difficiles : « J’ai fait quelques erreurs sur l’implantation des cultures, la façon de travailler le sol. La période COVID en 2020 a aussi créé des gros retards de livraison de l’enrouleur et d’autres matériels stratégiques. Par contre et heureusement,  j’ai pu forer de l’eau sur mes parcelles ». Il a fallu mieux anticiper, adapter le matériel, tester des solutions.
Les challenges techniques à relever font appel aux bon sens agronomique et à la créativité. Paul Keller a compris qu’en bio, seule une couverture permanente des sols permet de maintenir les parcelles propres dans la durée. L’alternance culture d’été /culture d’hiver est la clé de la propreté, avec si besoin des couverts intermédiaires tels que le sarrasin, semé fin juillet et récolté en novembre. A court terme, le maïs sera abandonné au profit des rotations légumes/céréales à paille. Toutes les parcelles sont bordées de bandes fleuries associées au mélange avoine-vesce-trèfle incarnat. Ces bandes larges de 3 mètres attirent les parasites et font écran aux traitements des parcelles voisines.
Les carottes, culture délicate à mener en bio pour le désherbage sur le rang, est conduite en 2 rangs sur buttes carrées grâce à une adaptation du matériel. Un passage d’écimeuse sera testé pour limiter la pression des adventices sur le rang.
Pour la fertilisation des cultures de plein champ, Paul utilise les fumiers de bovins des fermes voisines et un engrais organique du commerce pour la serre.
Pour le désherbage, 2 outils sont indispensables : la herse étrille sur les céréales à paille, et la bineuse qui sera adaptée pour les cultures légumières plantées sur butte. Courges et courgettes sont sur film biodégradable.
Pour les maladies fongiques, Paul teste le thé de compost en remplacement du cuivre : un mélange de lombri-compost et de sirop de canne dans 1 m3 d’eau,  oxygéné et maintenu entre 18 et 22 °C. Selon la durée de brassage l’effet est antifongique ou antibactérien. Le mélange est pulvérisé à 250 l/ha. A suivre…


Des conseils ?
 « Je conseille à ceux qui s’installent comme moi en créant de toute pièce une exploitation, de vendre avant de produire. La recherche de débouchés est plus stressante quand la culture est en place ! Il y a de la place sur certains débouchés pour des volumes plus importants que les miens (des regroupements possibles entre producteurs ?),  mais il ne faut pas lâcher sur les prix en bio».

Contact : Marie-Jo Dumas, chargée de mission agriculture biologique - Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc - 06 50 19 14 99 ou mariejo.dumas@smb.chambagri.fr