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HVE : une opportunité pour l’agriculture des Savoie

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Une étude détaillée conduite sur 45 exploitations savoyardes montre que les systèmes et les pratiques actuelles permettent aux agriculteurs de s'engager sans bouleversement majeur vers la certification HVE. Abordée par la voie technique, cette démarche de labellisation apporte des bénéfices et une valorisation incontestables.

 

La certification Haute Valeur Environnementale est en plein essor au niveau national. C’est une priorité des pouvoirs publics et un outil majeur en matière d’actions pour une agriculture plus durable et respectueuse de son environnement.

La loi Egalim est un des marqueurs concrets de cette évolution. Pour l’approvisionnement de la restauration collective, elle reconnait la certification HVE au même niveau que les appellations des produits sous signe de qualité. L’importance de la certification HVE est également perceptible dans certaines décisions réglementaires récentes comme la dispense  pour les exploitations labellisées HVE du conseil stratégique phyto devenu obligatoire depuis janvier 2021. C’est aussi le cas au niveau de la politique agricole commune 2023-2027 avec la mise en place des Eco-régimes.


Une étude pour aller plus loin
Jusque-là, les besoins d’accompagnement vers la certification HVE se situaient essentiellement en production végétale. Il semblait important d’élargir la réflexion pour bien mesurer et anticiper l’impact de la certification sur tous les systèmes agricoles savoyards. De nombreuses questions restaient en suspens notamment pour la filière animale.
Avec le soutien financier du Cluster Agri-Savoie*, l’étude menée par les services de la Chambre d‘agriculture permet de répondre aux interrogations techniques que pose la certification HVE, en termes de marge ou d’écart selon les filières et les différents systèmes agricoles. Elle permet aussi de s’interroger sur la meilleure stratégie à adopter pour accompagner les exploitations.
*Le Cluster Agri-Savoie accompagne des études de faisabilité pour des projets collectifs au stade de l'émergence. Il est composé du Syndicat Agricole de Haute-Savoie, de la Caisse Régionale du Crédit Agricole des Savoie, du CERFrance, de la FDSEA des Savoie, des Fermiers Savoyards, des Jeunes Agriculteurs, de la Coopérative Jura Mont-Blanc et de la Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc.


Une analyse détaillée sur 45 exploitations
Les plans de contrôle du niveau 3 (certification HVE) de 25 exploitations ont été étudiés. Ces données complètent celles acquises au préalable sur une vingtaine d’exploitations. Toutes les productions ont été analysées au regard des 2 voies possibles pour accéder à la certification : la voie globale ou la voie technique.
La voie globale mesure les charges d’intrants au regard du chiffre d’affaire. L’étude nous montre que cette voie est plutôt accessible à la filière viticole (hors pépiniériste) et aux petites structures en maraichage qui valorisent bien leur production en vente directe. Pour autant, très peu de ces exploitations choisissent cette option car elle reste trop globale. Les exploitants ont besoin de communiquer sur des indicateurs pertinents pour leurs clients et leur entourage. Ils s’orientent donc vers la voie technique.
Pour les autres productions végétales, ce sont les charges des produits de protection, de la fertilisation, des semences et des plants et plus globalement les autres consommables liés à la production et la commercialisation (gazoil, frais de transformation et d’emballage) qui plombe le ratio. Pour la filière animale, ce sont surtout les coûts des aliments qui pénalisent l’accession à HVE par cette voie globale.


Voie technique : la plus accessible
La majorité des exploitations ont donc intérêt à se tourner vers la voie technique où les pratiques mises en place sont mesurées à l’aide d’indicateurs répartis dans 4 thématiques : la biodiversité présente sur l’exploitation, la gestion des produits phytopharmaceutiques, la gestion de la fertilisation et la gestion de l’eau dans le cadre des irrigations.
Certains indicateurs sont communs à toutes les productions. D’autres indicateurs sont spécifiques à certaines productions : horticulture, cultures hors sol... Pour la filière animale, tous les indicateurs sont communs à tout type d’élevage (bovins lait, bovins viande, petits ruminant,…). D’autres indicateurs s’ajoutent dès lors que l’exploitation emploie des produits de protection des cultures ou qu’elle irrigue.
Chaque indicateur s’appuie sur des données techniques traduites en résultats. Selon le niveau du résultat, on obtient des points. Ces points se cumulent par thématique. L’obtention d’au moins 10 points par thématique permet de valider la certification. A noter : si une exploitation n’irrigue pas ou n’emploie aucun produit phytopharmaceutique, ce qui est souvent le cas pour nos systèmes agricoles, elle valide automatiquement la thématique concernée.


Des point forts très facilitateurs
La biodiversité reste le point fort des systèmes agricoles savoyard. L’étude montre qu’il n’y a pas de difficulté à clôturer les 10 points et d’aller au-delà. L’indicateur le plus visible pour cette thématique est le % d’infrastructures agro écologiques présentes dans et autour des parcelles agricoles. Même sur de petites surfaces cultivées comme nous pouvons trouver en maraîchage ou en viticulture, il y a toujours des tournières, des haies, des lisières de bois, des arbres… pour alimenter ces zones de « repos » favorables à la biodiversité. Un autre atout des systèmes savoyards est la diversité des cultures présentes au sein des exploitations : prairies permanentes…
Les pratiques de protection phytosanitaires sont globalement bien maîtrisées. Les surfaces non traitées sont importantes sur les Savoie. Cette réalité donne des points notamment en polyculture élevage ou en cultures pérennes grâce à l’enherbement permanent des vignes et vergers. L’usage des alternatives sur les cultures végétales est démocratisé et la quantité de produits appliqués souvent inférieure aux références régionales du fait du raisonnement mais aussi de l’emploi de plus en plus important de produits de biocontrôle. Enfin, l’usage de matériels limitant les risques de fuite dans le milieu naturel (aire de remplissage sécurisée, cuve de rinçage embarquée, système anti-goutte sur les rampes…) complètent la liste des indicateurs le plus souvent mobilisés.
Les productions végétales des Savoie sont globalement peu consommatrices en azote. Les bilans azotés sont souvent à l’équilibre. Ils contribuent à établir la bonne gestion de la fertilisation. Pour les cultures qui peuvent être plus dépendantes, les exploitations s’appuient sur des outils d’aide à la décision (outil permettant la réalisation d’un plan de fumure, analyse terrain..) et cumulent des points entre les surfaces non fertilisées et les surfaces couvertes en automne limitant ainsi les fuites dans le milieu naturel. Le constat est quasi le même pour l’élevage (hors système hors-sol) avec un bonus pour les exploitations intégrant des légumineuses dans leur système. Globalement, la gestion de l’azote doit être raisonnée.
Peu de surfaces sont irriguées dans nos départements. Cependant, lorsqu’il y a irrigation,  c’est la thématique pour laquelle nous avons encore des marges de progrès à réaliser pour conforter l’obtention des 10 points. Traçabilité, démarche collective, emploi d’outils d’aide à la décision (station météo, sonde tensiométrique) sont incontournables pour valider la thématique. Et si possible la mise en place de matériel optimisant l’eau ou de pratiques agronomiques limitant l’irrigation pour s’assurer une certaine marge de manœuvre. A noter que les retenues collinaires favorisent grandement la validation de la thématique car elles limitent le prélèvement dans le milieu naturel lors des mois de juin-juillet et août.


Des résultats plus qu’encourageants
Les résultats de l’étude montrent qu’accéder à la certification HVE par la voie technique est possible quels que soient la production ou les ateliers qui composent le système, dès lors que les pratiques sont raisonnées. Du fait des atouts de notre modèle agricole savoyard, la certification HVE peut être obtenue sans bouleversement. Les efforts engagés depuis des années sont récompensés et mettent HVE à la portée de toutes les exploitations.
Cette étude montre aussi des marges de progrès possibles pour aller plus loin et contribuer à orienter les choix stratégiques des exploitations. Au-delà des bénéfices directs de la certification, c’est une vraie démarche de progrès.

Contact : Sébastien Cortel, Chargé de mission Protection des Cultures et Phytosanitaires - Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc - sebastien.cortel@smb.chambagri.fr

 

Pour aller plus loin :

Pourquoi les producteurs recherchent la certification HVE ?
L’analyse des accompagnements réalisés montre que les producteurs font le choix de la certification pour plusieurs raisons :
-    mieux communiquer sur leurs pratiques et répondre à la demande sociétale (produits issus d’une agriculture locale et respectueuse de son environnement).
-    HVE est une certification reconnue officiellement et assure l’origine française du produit.
-    se faciliter l’accès à des marchés nouveaux ou existants (Collectivités, GMS, Industrie Agro-Alimentaire).
-    bénéficier du crédit d’impôt de 2500€ (cumulable avec le crédit d’impôt conversion bio) au titre de l’impôt sur le revenu ou de l’impôt sur les sociétés sur 2021 et 2022.


Comment s’y prendre ?
Se préparer seul
Un exploitant souhaitant s’engager aujourd’hui dans la certification HVE peut préparer seul sa démarche.  Il doit prendre contact avec un organisme certificateur accrédité et passer une convention pour la durée du cycle de 3 ans. Il devra au préalable calculer ses indicateurs et présenter l’ensemble des documents nécessaires de la campagne écoulée (Infrastructure agro-écologiques cartographiées, calcul de l’indicateur de fréquence de traitement, calcul du bilan azoté…). En parallèle, les documents prêts, l’exploitant demande l’attestation de niveau 1. Ce document obligatoire avant l’audit de certification est délivré par la Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc, actuellement seul organisme habilité « Système de Conseil Agricole » en Savoie et Haute-Savoie.
Pour s’engager seul vers la certification, il faut donc un minimum de rigueur et de préparation pour s’assurer que les pratiques de l’exploitation répondent au cahier des charges et éviter ainsi un refus lors de l’audit initial par l’organisme certificateur.

Se faire accompagner par la Chambre d’agriculture
Dans ce cas,  le conseiller centralise l’ensemble des documents et calcule la note des indicateurs de l’exploitation. Sa démarche de travail revient à réaliser un audit blanc. Cela permet également d’identifier les marges de manœuvre pour s’améliorer. Cet accompagnement concerne tout type de production. Contact : 06 50 19 14 70

Accompagnement individuel vers la certification et processus de labellisation HVE

Se former
Si l’exploitant choisit d’aborder la certification HVE dans le cadre d’une formation proposée par la Chambre d’agriculture, le formateur aidera à rassembler les documents nécessaires et permettra à l’agriculteur d’être autonome dans la démarche. L’exploitant devra consacrer le temps nécessaire entre les 2 journées de formation  pour calculer lui-même ses indicateurs. Un suivi complémentaire peut s’avérer nécessaire. Pour toute demande, contactez le service formation au 04 57 08 70 11.


Et pourquoi pas en collectif ?
La certification peut être portée collectivement par une structure ou un organisme agricole. Les audits sont alors moins nombreux pour l’exploitant puisqu’ils sont réalisés sur un échantillon du périmètre défini par le porteur de la certification. Cela a donc un avantage sur le coût de la certification car le taux de contrôle annuel peut être largement réduit de 60% ou plus selon le nombre d’exploitations inscrites dans la démarche.
Toutefois, cela demande que le porteur soit structuré pour piloter et suivre la procédure. Mais il peut faire appel à un organisme tiers pour organiser le suivi des indicateurs à présenter chaque année à l’organisme certificateur. Le porteur garde la responsabilité de la certification tout en maîtrisant la stratégie et l’orientation souhaitée pour ses adhérents en termes de démarche de progrès. Les structures collectives (ODG, coopératives…) peuvent donc réfléchir à l’intérêt de proposer une telle démarche.