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Hannetons : dégâts dans les prairies

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Quand et comment agir contre les larves de hannetons ?

De gros dégâts liés aux hannetons ont été signalés dans le secteur de l'Albanais 73. 

 

photo : Prairie mangée par les hannetons, puis dégâts de sangliers - St Offenge 73

 

 

 

 

 

Les symptômes
Les premiers symptômes sont pernicieux : la prairie semble un peu sèche par endroit, on n’y prête pas forcément attention.

Ensuite, dans les zones de forte infestation, la prairie disparait complètement, mangée par les racines : elle se décolle comme un paillasson. Généralement les sangliers viennent finir le travail, friands de ces larves. Un coup de bêche entre 0-10 cm de profondeur permet de confirmer la présence des larves.
 

Les larves sont faciles à trouver, elles sont encore peu enfouies

 

Comprendre le cycle du hanneton pour agir au bon moment
Il n’existe pas de traitements adaptés. Un champignon parasite existe et a été testé en Suisse sur prairie, mais le traitement coûte autour de 1400 €/ha... Les larves sont particulièrement sensibles à la déshydratation, et aux chocs mécaniques (labour, hersage sévère, piétinement). En fin d’été, elles restent à 10 cm sous la surface du sol, avant de descendre entre 30 et 60 cm pour hiverner. A cette profondeur, on ne pourra plus les atteindre.
Les hannetons affectionnent les prairies et zones boisées (haie, lisières, arbres isolés).
Il existe plusieurs espèces de hannetons. Le Hanneton Commun est le plus fréquent. C’est le cycle de ces hannetons que nous décrivons.


ATTENTION : le hanneton commun fonctionne sur un cycle de 4 années civiles. La première année il ne crée pas de dégâts mais c’est là qu’il faut agir car les larves sont petites et plus sensibles.
En 2ème année il crée les dégâts (observés depuis une dizaine de jours) : la larve est plus solide, elle restera sensible aux actions mécaniques, mais la réussite sera plus aléatoire.

 

Agir en année 1
C’est l’année du grand vol. Les adultes quittent la prairie et s’envolent vers les arbres alentours jusqu’à 2km. Ils consomment les feuilles et se reproduisent. Les femelles retournent pondre dans la prairie (avril à juin) : elles affectionnent une végétation rase et des sols chauds. Les larves éclosent au bout de 1 mois. Le maintien d’un couvert haut gênera la ponte. De même qu’un piétinement régulier peut endommager les œufs et/ou les jeunes larves (il semblerait que les pâtures soient moins impactées). C’est à la fin de l’été qu’il faut absolument observer les sols avec une bêche et surveiller la présence des larves même si il n’y a pas de dégâts (Larves L1 – de 10 à 20 mm de long). En cas d’infestation deux passages de herse rotative seront efficace (même si psychologiquement pas évident à faire sur une parcelle non abimée). Le seuil de nuisibilité est de 20 larves/m². Il faut agir avant la fin de l’automne tant que les larves ne sont pas trop profondes dans le sol, et enrayer ainsi les gros dégâts de l’année 2.

En année 1 : surveiller les feuilles des arbres découpées et les grands vols au crépuscule.

 

Agir en année 2
Après un premier hiver (entre 30 et 60 cm de profond, à l’abri du gel donc) les larves remontent. Elles seront tout particulièrement voraces à la fin de l’été (Larve L2 de 30-35mm de long). C’est généralement à ce moment-là que l’on découvre ce ravageur. Tout comme en année 1, la seule action possible sera de tenter de les atteindre mécaniquement (2 passages herse rotative, piétinement, …) et les exposer à la surface. Elles sont aussi plus grosses et résisteront mieux que L1.

 

Et les années suivantes…
En année 3, après un 2ème hiver (toujours en profondeur), elles remontent au printemps. De nouveaux dégâts peuvent être observés, moins sévères (Larve L3 de 40-50 mm de long). Elles se transforment en nymphe à la fin de l’été.
La 4ème année,  la nymphe devient adulte. Les adultes font leur grand vol pour un nouveau cycle.
Plusieurs cycles peuvent se chevaucher, mais il y en a toujours un principal (les autres ne générant pas trop de dégâts).
Les zones de labour, et rotations sont pas ou peu affectées (destruction du fait des actions mécaniques labour, hersage).


Quand rénover la prairie ?
On peut être tenté de le faire dès l’été des dégâts de la 2ème année (bien souvent la terre est à nue). Mais cela expose au risque des dégâts du printemps suivant (ampleur non connue). On peut conseiller pour ceux qui le souhaitent de mettre juste de quoi garnir un peu la prairie et espérer du volume au printemps (30 à 40 kg d’avoine ou 10 kg de RGA/RGH + 3-4 kg de TB), ne prenez pas le risque de tout mettre en mélange multi-espèces couteux. C’est juste pour garnir, concurrencer les adventices, et dans certains cas permettre d’attendre la régénération naturelle de la prairie. Le roulage sera important à double titre : pour le contact sol-graine (essentiel), et parce que cette action mécanique contribue aussi à choquer les larves.
On peut aussi attendre le printemps pour la rénovation complète (à ce moment-là avec des mélanges multi-espèces plus pérennes). Et on peut par sécurité conserver les stocks de foin/regain de cette année si vous en avez…

 

Conseillers Agro-fourrage et Agro-environnement - Chambre Agriculture Savoie Mont Blanc
Fabien Faugeroux : 06 50 19 14 85
Stéphanie Lachavanne : 06 88 74 75 83