Gel exceptionnel sur les cultures
Un gel d’une intensité exceptionnelle a frappé les Savoie dans la nuit du mercredi 7 et jeudi 8 avril 2021.
Le phénomène est exceptionnel par son intensité (jusqu’à -6°C mesurés, soit 2°C au-delà des prévisions) mais aussi par sa rapidité (en Combe de Savoie, la température à chuté de +0.5° à -2.5 °C entre 23h et 23h30). Le gel a touché des secteurs peu gélifs tels que le bas de la commune de La Motte Servolex (ex. le Tremblay) qui en 50 ans n’avait connu que 2 épisodes (1975, 1991) et jamais en dessous de -2.5°C.
En arboriculture (80 exploitations, 600 ha)
Aucun secteur n’est épargné mais les coteaux à plus de 500m d’altitude semblent moins atteints. On estime à 400 ha la surface gelée à plus de 40% (même s’il faut attendre 10 jours pour avoir une estimation fiable). Les poires sont touchées partout à plus de 80%. L’impact est plus variable sur les pommes : variétés à floraison précoce généralement très atteintes (80%), Gala Golden davantage préservées (40 à 60%). Autre dégâts en fruits : pêches (100%), kiwi (100%), fraises (50%), cerises.
Hormis l’aspersion quand elle a pu être déclenchée à temps, les autres moyens de protection n’ont pas donné les résultats suffisants du fait du type de gelée (gelée noire) et de l’intensité du froid.
En viticulture
Le stade de la vigne est déterminant : les cépages et secteurs précoces sont touchés probablement à plus de 50% (Combe et Cluse de Savoie, cépage Altesse). 500 ha au moins sont significativement affectés.
Les problématiques
Si le gel en arboriculture fait partie des risques éligibles aux calamités agricoles, il constitue un risque assurable en viticulture et est donc exclu du dispositif. Hors, seulement 20 exploitations viticoles sur les 600 ont souscrit un contrat d’assurance via le contrat groupe négocié en Pays de Savoie. Les primes élevées, les taux de franchises et l’obligation d’assurer la totalité de l’exploitation ont dissuadé l’essentiel des viticulteurs. En outre, la conjoncture actuelle de la viticulture est passablement dégradée du fait de la fermeture des restaurants depuis un an et de l’absence de saison touristique sur le dernier hiver, période qui concentre trois quarts des ventes de vins de Savoie.
Par ailleurs, même pour l’arboriculture, l’indemnité « calamités agricoles » représente entre 20 et 35% des pertes calculées et sera versée au mieux dans 10 à 12 mois . A elle seule, cette indemnité ne permettra pas aux exploitations de faire face à l’étendu des besoins : annuités, salariés permanents, amortissement des stations, avance aux cultures en 2022 etc.
=> D’autres dispositifs devront être sollicités en vue de surmonter la crise : banques, assurances, MSA, DIRECTE, services fiscaux, collectivités territoriales
=> Une distinction devra être opérée entre les exploitations agricoles impactées et les outils économiques aval : négociants, transformateurs, stations d’expéditions, coopératives.
Les feuilles desséchées ont été détruites par le froid. Les arbres devront produire de nouvelles feuilles pour leur développement végétatif
Fleur de gauche épargnée par le gel, fleur de droite détruite (pistil et ovaire desséchés).
Vous êtes agriculteur et vous avez besoin d’informations ou conseils suite au gel.
Contact Chambre d’Agriculture Savoie Mont-Blanc : florent.michez@smb.chambagri.fr